47.

Le service actif

 

 

— C’est trop facile. Ce n’est même plus drôle, s’est plaint Kyle.

— C’est toi qui as voulu venir.

Les deux hommes se trouvaient à l’arrière de la camionnette, occupés à trier les denrées non périssables et les articles de toilette que j’avais rapportés du magasin. C’était le milieu de la journée, le soleil brillait sur Wichita. Il faisait moins chaud que dans le désert de l’Arizona, mais le degré d’hygrométrie était plus élevé. Des essaims de moucherons et d’aoûtats tourbillonnaient dans l’air moite.

Jared roulait vers la nationale, à la sortie de la ville, veillant à ne pas dépasser la vitesse autorisée.

— Tu n’en as pas assez de faire les boutiques, Gaby ? m’a demandé Ian.

— Non. Ça ne me dérange pas.

— Tu dis toujours ça. Existe-t-il quelque chose sur Terre qui te dérange ?

— Oui… Être loin de Jamie, par exemple. Et être dehors, ça, je n’aime pas beaucoup. En particulier la journée. C’est comme de la claustrophobie, mais à l’envers. Tout est trop grand, trop vaste. Cela ne te fait rien, à toi ?

— Parfois. On ne sort pas souvent de jour.

— Au moins, elle a pu se dégourdir les jambes, elle ! a grommelé Kyle. Je ne vois pas pourquoi vous l’écoutez se plaindre.

— Parce que ça nous change, a répliqué Ian. D’ordinaire, c’est toi qui n’arrête pas de geindre !

C’était reparti… Ces deux-là ne pouvaient s’empêcher de se chercher des poux dans la tête. J’ai examiné la carte.

— Oklahoma City ensuite ? ai-je demandé à Jared.

— Oui, et quelques petites villes en chemin, si tu te sens d’attaque, a-t-il répondu sans quitter la route des yeux.

— Je suis prête.

Jared restait toujours concentré durant un raid. Il ne se détendait jamais tout à fait. Il ne plaisantait pas comme Ian ou Kyle quand je revenais victorieuse d’une mission. Une « mission », ce terme me faisait sourire. On aurait dit un exploit. En réalité, c’était juste une visite dans un magasin. J’avais fait ça des centaines de fois à San Diego, quand je n’avais que moi à nourrir.

Comme disait Kyle, c’était trop facile pour être excitant. Je poussais mon chariot dans les allées. Je lançais des sourires aux âmes, qui me souriaient en retour, et je remplissais mon Caddie avec de la nourriture à longue durée de conservation. Je prenais quelques articles au rayon frais pour les garçons dans la camionnette – des sandwichs sous Cellophane, ce genre de choses. Et quelques douceurs aussi. Ian adorait la glace à la menthe et aux pépites de chocolat, Kyle les caramels mous, et Jared tout ce qu’on lui offrait – comme s’il avait tiré un trait, des années plus tôt, sur les envies matérielles et avait décidé de prendre ce que la vie lui donnait, sans en demander davantage. C’était une autre raison expliquant qu’il était sans pareil en chef d’expédition ; il voyait les priorités sans se laisser contaminer par ses désirs personnels.

De temps en temps, dans de petites villes, quelqu’un pouvait m’aborder. J’avais mon texte tout prêt. J’aurais même pu duper un humain, c’est dire…

« Bonjour ! Nouvelle en ville ? »

« Oui. J’arrive tout juste. »

« Qu’est-ce qui vous amène à Byers ? »

Je veillais toujours à consulter la carte avant de sortir de la camionnette, pour connaître le nom de la bourgade.

« Mon compagnon voyage beaucoup. Il est photographe. »

« Comme c’est intéressant ! Un artiste ! C’est vrai qu’il y a beaucoup de jolis paysages ici… »

À l’origine, c’était moi la photographe. Mais annoncer que j’avais déjà un partenaire m’évitait bien des palabres avec les hommes.

« Je vous remercie infiniment de votre aide. »

« Tout le plaisir est pour moi. À très bientôt, alors ! »

J’avais été contrainte de m’adresser à un pharmacien, à Salt Lake City ; depuis, je savais ce qu’il me fallait.

Je lui avais adressé un sourire contrit :

« Je ne suis pas sûre de me nourrir convenablement. Je ne parviens pas à éviter les cochonneries. Ce corps adore les sucreries… »

« Il faut vous montrer raisonnable, Mille-Pétales. Je sais qu’il est facile de se laisser aller à la tentation, mais il faut faire attention à ce que vous mangez. En attendant, prenez donc des compléments alimentaires pour les protéines. »

« Forme et Santé ». Un titre si évident sur le flacon ! C’était idiot de ma part de poser la question.

« Vous préférez goût fraise ou chocolat ? »

« Je peux essayer les deux ? »

Et l’âme aimable, nommée Né-sur-Terre, m’a donné les deux flacons.

Ce n’était pas un grand exploit. La seule peur, la seule sensation de danger, c’est lorsque je songeais à la pilule de cyanure que je gardais dans une poche à portée de main. Au cas où.

— Tu devrais prendre des vêtements neufs dans la prochaine ville, a annoncé Jared.

— Encore ?

— Ceux que tu portes ont l’air défraîchis.

— Entendu. (Je n’aimais pas le gâchis, mais les pantalons et chemisiers qui s’amoncelaient au fil des jours ne seraient pas perdus pour tout le monde à notre retour. Lily et Paige avaient la même taille que moi ; elles seraient ravies d’avoir quelque chose de nouveau à se mettre. Les hommes, en expédition, ne songeaient guère à rapporter des vêtements. La vie ou la mort se jouait à chaque raid. Les considérations esthétiques n’étaient pas une priorité pour eux. Ni les savons doux, ni les shampooings que je m’évertuais à récupérer dans chaque boutique.)

— Tu devrais aussi te laver, a annoncé Jared. (Il a lâché un soupir.) Cela veut dire une chambre d’hôtel cette nuit.

Auparavant, ils n’avaient jamais fait très attention à leur apparence. Bien sûr, c’était à moi qu’incombait d’avoir une tenue irréprochable puisque je devais me faire passer, même de tout près, pour l’un des membres de la société des âmes. Les hommes pouvaient se contenter de porter des jeans et des tee-shirts sombres, des vêtements pas trop salissants et passe-partout, lors des rares moments où ils se retrouvaient à découvert.

Tous détestaient dormir dans des motels, sombrer dans l’inconscient en plein terrain ennemi. Rien ne les terrifiait davantage. Ian disait qu’il préférait avoir affaire à un Traqueur armé jusqu’aux dents.

Kyle refusait tout de go. Il dormait dans la camionnette la journée, et la nuit il montait la garde.

Pour moi, c’était aussi facile que de faire les courses dans les magasins. Je m’occupais de signer le registre, je bavardais avec le réceptionniste. Je lui racontais mon histoire de compagnon photographe et lui parlais de l’ami qui nous accompagnait – au cas où quelqu’un nous aurait vu entrer à trois dans la même chambre. J’empruntais des noms courants provenant de planètes anodines. Parfois nous provenions tous les trois de la Planète des Chauves-Souris – Gardien-des-Mots, Barde-du-Chant-des-Œufs, Accroche-Ciel – parfois de la Planète des Herbes-qui-Voient – Mille-Yeux-Vifs, Celui-qui-regarde-vers-la-surface, Seconde-Aurore. Je changeais de noms chaque fois, pour que personne ne puisse suivre notre trace. Cela rassurait Melanie. Elle avait l’impression d’être l’héroïne d’un film d’espionnage.

Le plus délicat, la partie qui me déplaisait vraiment – mais je me gardais bien de le dire devant Kyle qui était prompt à douter de moi –, c’était de prendre sans rien donner en retour. À San Diego, je faisais les boutiques sans scrupule. Je prenais ce dont j’avais besoin, jamais rien de plus. Puis je passais plusieurs jours par semaine à l’université pour faire profiter la communauté de mon expérience. C’était un Emploi guère contraignant, mais je le prenais à cœur. Je faisais ma part également des corvées incontournables. Une journée par mois, je ramassais les ordures et balayais les rues. Comme tout le monde.

Et aujourd’hui, je prenais tout et ne donnais rien en retour. Cela me mettait mal à l’aise. Je me sentais égoïste, indigne.

Ce n’est pas pour toi. C’est pour les autres, me rappelait Mel quand je broyais du noir.

C’est mal quand même. Même toi, tu le sens, n’est-ce pas ?

Pense à autre chose… C’était ça, sa solution !

J’étais heureuse de nous savoir sur le retour, après une longue expédition. Le lendemain, nous nous rendrions à notre cache, un camion que nous gardions à une journée de route de nous, et nous viderions la camionnette pour la dernière fois. Encore quelques villes, encore quelques jours. L’Oklahoma, le Nouveau-Mexique, et puis cap sur l’Arizona.

Home sweet home. Enfin.

Lorsque nous dormions dans des motels plutôt qu’entassés à l’arrière de la camionnette, nous arrivions de nuit et partions toujours avant l’aube pour que les âmes ne puissent faire de nous une description précise. Une précaution superflue, selon moi.

Jared et Ian commençaient à se ranger à mon avis. Parce que la collecte de la journée avait été bonne – Kyle n’aurait pas beaucoup de place dans la camionnette pour dormir ! – et parce que Ian pensait que j’étais fatiguée, on a fait halte plus tôt que de coutume. Le soleil n’était pas encore couché lorsque je suis revenue dans l’habitacle avec la carte magnétique pour notre chambre.

Le petit motel était calme. On s’est garés juste devant notre chambre ; Jared et Ian ont rejoints la chambre en cinq ou six pas, en gardant les yeux au sol. Dans leur nuque, une fine cicatrice factice. Jared portait une valise à moitié vide. Personne n’a fait attention à eux, ni à moi.

Sitôt à l’intérieur, on a tiré les rideaux ; une fois dans la pénombre, les garçons se sont détendus.

Ian s’est allongé sur le lit qu’il allait partager avec Jared et a allumé la télévision. Jared a posé la valise sur la table, et a sorti le dîner : des pilons de poulet que j’avais demandé à l’épicerie. Je me suis installée à la fenêtre pour contempler le coucher du soleil.

— Pour tout ce qui est divertissement, on était quand même plus doués que vous, m’a taquiné Ian.

Sur le téléviseur, deux âmes donnaient leur texte, leurs corps dans une posture irréprochable. Il n’était pas difficile de comprendre ce qui se passait, car les intrigues étaient en nombre limité. Dans cette histoire, deux âmes se retrouvaient après une longue séparation. Le mâle avait passé un long séjour parmi les Herbes-qui-Voient, mais il avait choisi d’émigrer chez les humains supputant que sa compagne, qu’il avait connue autrefois sur la Planète des Brumes, serait peut-être attirée par ces hôtes à sang chaud. Et, miracle des miracles, il l’avait retrouvée…

Tout finissait toujours bien.

— Il faut voir à qui cela s’adresse…

— Exact. Je regrette qu’ils ne passent pas des épisodes de vieilles séries humaines. (Il a feuilleté le programme.) J’en aurais bien regardé un ou deux.

— Ils sont trop dérangeants. Ils ont été remplacés par des programmes moins violents… c’était obligatoire.

— La Petite Maison dans la prairie ? Violent ?

J’ai ri. J’avais vu ce feuilleton à San Diego et Mel le connaissait depuis l’enfance.

— On y excuse la violence. Dans un épisode, un petit garçon donnait un coup de poing à la brute de service, et son geste était montré comme un acte d’héroïsme. On voyait du sang et…

Ian a secoué la tête d’incrédulité, mais a reporté son attention sur l’histoire de l’ex-Herbe-qui-voit. Il riait aux mauvais moments, aux passages qui se voulaient émouvants.

J’ai regardé par la fenêtre, cherchant une distraction plus passionnante que l’intrigue du feuilleton.

De l’autre côté de la route, il y avait un petit parc, bordé d’un côté par une école, et de l’autre par un pré où paissaient des vaches. Quelques jeunes arbres, une aire de jeux pour enfants à l’ancienne, avec un bac à sable, une cage à poules, un toboggan et un de ces tourniquets qu’on actionnait avec les mains. Bien sûr, il y avait une balançoire – le seul agrès utilisé pour l’heure.

Une petite famille profitait de la fraîcheur du soir. Le père avait des cheveux bruns avec des mèches argent ; la mère paraissait plus jeune. Ses cheveux roux étaient ramenés en queue-de-cheval qui sautillait dans son dos à chacun de ses pas. Il y avait un petit garçon d’à peine un an. Le père poussait l’enfant sur la balançoire, pendant que la maman, devant, se penchait pour lui embrasser le front à chaque va-et-vient ; l’enfant riait tellement qu’il avait le visage rouge comme une tomate. Cela faisait rire aussi la femme ; je voyais ses épaules se soulever, ses cheveux danser dans son dos.

— Que regardes-tu, Gaby ? m’a demandé Jared.

II n’y avait pas d’inquiétude dans sa voix parce que, sans m’en rendre compte, je souriais aussi.

— Une scène que je n’ai jamais vue, dans toutes mes vies. Ce que je vois là-bas, c’est l’espoir.

Jared s’est placé derrière moi pour regarder au-dehors par-dessus mon épaule.

— De quoi parles-tu ? (Son regard balayait les alentours sans s’arrêter sur la famille.)

J’ai attrapé son menton et l’ai pointé dans la bonne direction. Il n’a pas eu de mouvement de recul au contact de ma main, et cela m’a fait chaud au cœur.

— Là, regarde…

— Je dois regarder quoi ?

— L’espoir d’une survie… Une première pour une espèce hôte.

— Où ça ? a-t-il demandé en plissant les yeux.

Ian était derrière nous ; il nous écoutait.

— Tu ne vois pas ? ai-je dit en désignant la mère riant avec l’enfant. Regarde comme elle aime son petit…

À cet instant, la mère a attrapé l’enfant et l’a serré contre elle, lui couvrant le visage de baisers. Il gloussait de joie en battant des pieds et des bras. C’était un bébé et non un adulte miniature comme ç’eût été le cas si l’un des miens s’était trouvé à l’intérieur.

— Le bébé est « humain » ? a bredouillé Jared. Comment est-ce possible ? Pourquoi ? Pour combien de temps ?

J’ai haussé les épaules.

— C’est la première fois que j’en vois un… je ne sais pas. Elle ne l’a pas donné pour qu’il soit hôte. Et je ne pense pas qu’on va l’y contraindre. La maternité est quasi sacrée pour mes congénères. Si elle ne veut pas… (J’ai secoué la tête.) J’ignore comment la situation va être gérée. Cela ne se passe nulle part ailleurs. Les émotions de ces corps sont plus fortes que la logique.

J’ai regardé Jared et Ian tour à tour. Ils observaient la famille biespèce, bouche bée.

— Non, ai-je murmuré. Personne ne forcera les parents s’ils veulent garder l’enfant. Regardez-les…

Le père entourait la mère et l’enfant dans ses bras. Il regardait le fils biologique de son hôte avec une tendresse évidente.

— C’est la première planète où nous avons affaire à la naissance de bébés. Votre mode de reproduction n’est pas le plus simple de l’univers, ni le meilleur en terme de rendement. Je me demande si c’est ça qui vous différencie des autres… ou l’extrême vulnérabilité de vos petits… Partout ailleurs, la reproduction fait intervenir des œufs ou des graines. Beaucoup de parents ne voient jamais leur progéniture. Est-ce pour cette raison que… (Je n’ai pas terminé ma phrase, les questions se bousculant dans ma tête.)

La mère a tourné la tête vers son compagnon et l’a embrassé sur la bouche. L’enfant a poussé de petits cris de plaisir.

— Un jour peut-être, les miens et les vôtres vivront en paix. Ce serait étrange, non ?

Les deux hommes ne parvenaient à quitter du regard cette scène miraculeuse.

La famille est finalement partie. La mère a épousseté son jean pour se débarrasser du sable pendant que le père soulevait le garçon. Puis ils s’en sont allés tous les trois, l’enfant, entre ses parents, se balançant au bout de leurs bras.

J’ai entendu Ian déglutir dans mon dos – pour ravaler un sanglot ?

On est restés silencieux toute la soirée, chacun perdu dans ses pensées, habités par cette scène. On s’est couchés tôt pour pouvoir nous lever aux aurores.

Je dormais seule dans le lit du fond. Je n’étais pas à l’aise. Les deux hommes corpulents étaient à l’étroit ; Ian avait tendance à s’étaler en dormant, et Jared lui donnait régulièrement des coups de coude pour lui faire reprendre sa place. Ils auraient été plus à l’aise si l’un ou l’autre avait partagé mon lit – je dormais toute recroquevillée dans un coin ; peut-être était-ce une réaction aux grands espaces que nous traversions le jour, ou simplement l’habitude de dormir en boule sur la banquette arrière ? En tout cas, je ne savais plus dormir de tout mon long.

Mais je savais pourquoi aucun des deux hommes ne me demandait de partager ma couche. La première fois que nous avions dormi dans une chambre d’hôtel – parce que je les avais convaincus qu’il était vital que je me douche – j’avais entendu les deux hommes parler de moi pendant que j’étais dans la salle de bains.

— … pas juste de lui demander de choisir, disait Ian. (Il chuchotait, mais je l’entendais malgré le bruit du ventilateur de la salle de bains.)

— Pourquoi pas ? C’est plus juste, en tout cas, que de lui imposer avec qui elle va dormir. Et c’est plus poli, tu ne trouves pas ?

— Pour quelqu’un d’autre, peut-être. Mais ça va mettre Gaby sur le grill. Elle voudra tant nous faire plaisir à tous les deux qu’elle va se retrouver en plein dilemme.

— Tu ne serais pas encore jaloux ?

— Pas cette fois. Je sais simplement comment elle fonctionne.

Il y a eu un silence. Ian avait raison. Il me connaissait décidemment très bien. Il avait deviné que je choisirais de dormir avec Jared – s’il y avait le moindre espoir que cela puisse lui faire plaisir – mais que je passerais la nuit à m’inquiéter, à me demander si Jared n’était pas agacé de me savoir là et si Ian n’était pas trop blessé que j’aie fait ce choix.

— Ça va ! a lancé Jared. Mais si tu essaies de te glisser dans son lit cette nuit, je te réduis en bouillie.

Ian a lâché un petit rire.

— Sans vouloir faire le malin, Jared, tu ne crois pas que si c’est ça que j’avais en tête, je m’y prendrais autrement ?

Même si je me sentais coupable d’avoir un grand lit pour moi toute seule, cette organisation était sans doute préférable pour tout le monde.

Nous n’avons plus eu besoin de louer une chambre d’hôtel. Les jours ont passé de plus en plus vite, comme si les secondes s’accéléraient, maintenant que nous étions sur le chemin du retour. Je ressentais dans mon corps une sensation étrange, une force, un appel, qui m’attirait vers l’ouest. Nous étions tous impatients de retrouver nos grottes obscures et bondées.

Même la vigilance de Jared faiblissait…

Il était tard ; aucune lueur ne subsistait dans le ciel par-delà les montagnes à l’ouest. Derrière nous, Ian et Kyle se relayaient pour conduire le camion de déménagement chargé de notre butin, Jared et moi ouvrions le convoi, à bord de la camionnette. Responsables de notre précieuse cargaison, les deux hommes devaient rouler avec encore plus de prudence que Jared. Dans le rétroviseur, la lueur de leurs phares s’était lentement évanouie, puis avait totalement disparu au sortir d’un virage.

C’était la dernière ligne droite. Tucson était derrière nous. Dans quelques heures, je reverrais Jamie. On déchargerait les précieuses provisions, au milieu de toute la communauté, souriant aux anges. On ne revenait pas les mains vides !

Ma première expédition ! ai-je réalisé.

Pour une fois, notre retour n’apporterait que de la joie. Nous ne ramenions aucun otage avec nous.

Toutes mes pensées étaient tournées vers notre arrivée. La route ne filait pas trop vite de part et d’autre de nous. Si cela n’avait tenu qu’à moi, j’aurais bien appuyé sur le champignon…

Les phares du camion ont réapparu derrière nous.

— Ce doit être Kyle au volant, ai-je déclaré. Ils nous rattrapent !

Puis des éclairs rouges et bleus ont percé la nuit. Ils se reflétaient dans les rétroviseurs, projetant des points de couleur sur le toit, les sièges, nos visages figés, le tableau de bord où l’aiguille du compteur indiquait que nous roulions trente kilomètres à l’heure au-dessus de la vitesse autorisée.

Alors le son d’une sirène a déchiré le silence du désert.

Les ames vagabondes
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